2016

J’ai des moments d’extase délicieux, qui peuvent surgir pour des petits riens. J’ai failli mourir de joie le jour où j’ai réalisé que les bulles de savons pouvaient rebondir. Mon humeur varie rapidement, peut-être trop. J’aime les cachettes, les recoins, les cabanes de couettes. Enfant, je pouvais passer des heures dans un carton derrière le canapé. Je me suis longtemps cachée derrière mes cheveux, avant de tout couper dans un train avec des ciseaux à bouts ronds. Mes expériences de travail ont varié d’horrible à passable. Je n’ai encore jamais fait le grand voyage dont je rêve, mais la personne avec laquelle je m’étais projetée dedans, elle, l’a fait, mais ailleurs. J’aime l’idée qu’il y a des choses indicibles, et en même temps cela me frustre. La poésie est ce qui me retient le plus à la vie. Je la goûte particulièrement les lendemains de cuite, les nuits d’insomnie et les jours gris. J’ai plus confiance dans les individus que dans les systèmes. J’ai successivement voulu être archéologue, prof de français, médecin, neurologue, éditrice, puis j’ai arrêté de croire que je serais définie par un métier. Je voudrais me libérer de mes barrières et en libérer les autres. J’ai appris le mépris pour me protéger de l’exclusion. Je suis une acharnée de la mémoire et accepte mal d’avoir oublié, je suis archiviste de ma propre vie. Je cherche le fil alors que j’ai conscience qu’il s’agit d’une illusion. Je récolte ce que je sème, et c’est souvent beaucoup d’amour. J’ai eu, pendant un an et demi, un trampoline dans l’entrée de mon appartement. J’apprends à pardonner, à faire disparaître le ressentiment de la liste des émotions autorisées. Un jour, j’atteindrais peut-être l’illumination. Je souhaite l’avènement d’un monde dans lequel il sera acceptable d’exprimer ses émotions et de se montrer vulnérable. Je crois contribuer à le créer.

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