Je crois être en train de sortir de l’adolescence. Des mécanismes grippés depuis plus de dix ans ont retrouvé du jeu. Ce que je croyais être un choix n’était qu’une impossibilité ; les possibles sont à nouveau ouverts, je vais les chérir comme une jeune pousse, c’est encore l’hiver, il faut en prendre soin. Il m’arrive ce dont j’ai besoin, enfin, concrétisation de ce qui restait purement intellectuel, je cesse d’essayer de me convaincre, je l’ai ressenti ce sentiment de légitimité et de compétences, cette joie particulière. La neige m’apaise, son irruption ramène le temps dans une ville qui l’oublie trop souvent. J’ai le sentiment d’être en vacances, même si l’ombre de cet article à terminer d’écrire plane. Je manque de romans, de ces moments où les mots font enfler un espace à l’intérieur de ma poitrine, de cette douleur si propre à la bonne littérature. J’aimerai écrire plus, mais pas assez pour en faire une discipline. J’ai la certitude que si je vis longtemps, je terminerai au moins un livre. Je suis impatiente de matérialiser mon nouveau bouclier. Encrer ce qui m’ancre. Je me sens très motivée pour progresser en shibari, comme rigger et comme bunny ; je veux cultiver les deux faces de la pièce, responsabilité et lâcher-prise. Je suis irritée aujourd’hui, ce qui ne m’empêche pas de me sentir forte et de sourire en regardant pas la fenêtre.