On a toute la vie pour danser

Laisse-moi être ton miroir
Laisse-toi croire à
la vérité de ton reflet dans mes yeux
à la cohérence de ton visage

je ne peux pas promettre que je saurais te faire rire
mais je peux être amusante paraît-il
quand je suis pleinement apprivoisée
quand le vernis de sérieux se craquelle à la chaleur de l’intimité

je ne veux pas promettre, d’ailleurs
simplement proposer
a way out
hors-cadre, loin de la futilité
we ‘d dance away the fear
on trébuchera, on explorera ensemble
au son des musiques qui exaltent la vie
au gré des voyages du corps ou de l’esprit
et de nos quotidiens bancals
comme des amies
comme des amoureuses
comme des compagnes
ou comme des enfants
sans s’encombrer de définitions

sans titre

contaminée par le rêve américain
l’idée qu’il faut réussir sa vie
on a beau refuser, elle est là, sournoise
un flic dans la tête comme un autre
banal à en crever

croire qu’on pourrait être heureux autrement
oublier la petite voix
l’enterrer, encore chaude…
elle ressurgira toujours au bon moment
ou plutôt, au mauvais
croche-patte mental mesquin
et personne pour te rattraper

sans titre

Détruire, dit-il
l’égoïsme
ce Soi, là, en face
qu’on arrive pas à achever
mais qui s’émiette tout seul

tu te cherches, tu voudrais saisir
autre chose
que
ces fugaces
impressions récentes de toi-même

Où suis-je ?!, tu cries
au milieu des images déformées

tu es ton propre kaléidoscope

tu le savais

tu es parti quand même

chercher
chercher ailleurs
chercher tout droit

tu es revenu sur tes propres pas
sur
la TRACE
qu’efface
la fumée de l’avion

revenu
sur
le temps de ton corps
un an de voyage rattrapé en 24h
équivalence
nonsense

retour de l’enfant prodigue
reste la douloureuse question

que faire de l’après

Sans titre

Je voudrais inventer un nouveau langage pour chaque nouvel amour
Tout nouvel amour mériterait un vrai commencement
Pas une continuation

Il faudrait oublier oublier
Essayer d’apprendre à
aimer différemment

Effacer les schémas
Tout ce qu’on croyait savoir sur l’amour

Que faire si
« On n’aime bien qu’une fois : c’est la première
les amours qui suivent sont moins involontaires »
Est-ce qu’on aime mal quand on aime pareil ? Est-ce que ce qui a déjà été est pour autant moins vrai ?
La reproduction comme mensonge, figure de la pire des trahisons – obsession de l’originalité, vaine quête.

Croire que nos amours auraient pu être pures alors qu’on nous a tant parlé de l’amour
depuis toujours

on ne peut éviter l’amour plagiat

J’essaie surtout de ne pas trop y penser

Comment pourrais-je

Comment pourrais-je ne pas t’aimer
Toi qui m’a lu tous ces poèmes
Toi qui m’a ouvert des portes
Dont j’ignorais l’existence même

Comment pourrais-je ne pas t’aimer
Toi qui m’a guidé par-delà
Monts et par vaux dans ce voyage
De ceux dont on ne revient pas

Comment pourrais-je ne pas t’aimer
Toi qui a su être mon ailier
Qui au milieu de la cohorte
M’a suivi parmi les nuées

Comment pourrais-je ne pas t’aimer
Toi qui étais autre moi-même
De l’écume de nos amours
Nous devrions garder la crème

Comment pourrais-je ne pas aimer
Chacun de vous et plus encore
Ces liens-là ne disparaissent pas
Ces liens comptent parmi les plus forts

Comment pourrais-je ne pas aimer
Ce qui me restera de vous
Et la confiance, si fragile…
Et la chaleur sur mes joues.

janvier 2013

Sans titre

Revoir mon jugement.
Je ne mourrais ni étouffée, ni dans un incendie, ni même de nuit, écrasée par une voiture lancée à pleine vitesse.

Je mourrais peut-être de nostalgie.

Je ne sais pas encore très bien comment on meurt de nostalgie. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui en soit mort. À part, sans doute, le petit prince…plus sûrement que du venin du serpent. À moins que ce ne soit moi seule qui m’en consume en lisant son histoire.
C’est une sorte de maladie insidieuse. Je crois qu’elle vous emporte petit à petit, sans qu’on s’en rende bien compte.

De minuscules morceaux d’âme s’échappent, pour

chaque livre un peu trop triste
chaque silhouette d’arbre nu qui se découpe sur les ciels froids et purs de l’hiver
chaque chanson mélancolique
chaque caresse du vent
chaque (ré)volte passée, et chaque (ré)volte à venir
chaque trace de beauté
chaque instant de poésie

pour l’éphémère qui est partout.

Cette douceur-douleur (ou est-ce l’inverse) m’éparpillera au mille vents pour ne laisser qu’une coquille vide.

Merci pour les poèmes

Merci pour les poèmes,
Pour l’émotion pure,
Pour ce que ta voix sème,
Me révèle comme fêlures.

Vivent dans ma mémoire
Quelques instants de grâce
Aux reflets de la moire ;
Jamais ils ne s’effacent.

Souvenirs précieux
Qui parfois me rappellent
Tu n’es pas éternelle,
Ici sont tes cieux.

Je suis touchée à l’âme
Toi, moi, la poésie,
Qui portera le blâme ?
Peut-être est-ce Lucy.

Je suis touchée au cœur,
Et si c’est sans rancœur
– Mais pas sans amertume –
Que je glisse, posthume,

Pour l’amour qui n’est pas,
Un soupir qui soulage,
Oserais-je dire, tout bas :
J’ai fait un beau voyage…

La mer de nuages

Le soleil en fusion
s’étale
sur la mer de nuages
Et le ciel est si bleu qu’on ne peut croire à la nuit

Pourtant le brasier
déjà
n’est qu’une lueur
une trace

la ligne d’horizon surlignée de lumière
enfle soudain
comme une bougie qui s’embrase
une dernière fois

on brûle plus vite quand on va mourir
– ou s’éteindre, c’est selon
l’âme n’est elle pas une flamme,
a flickering one ?

I know for sure mine is
I can feel it sometimes
étincelle de vie
burning
almost bursting
with excitement

But now it’s still
deep and quiet
devant la mer de nuages